

Une réglementation qui pousse les établissements de tous les secteurs à revoir leurs pratiques pour mieux trier, souvent dès l’étape de production de ces déchets alimentaires. Mais comment s'organiser efficacement pour optimiser les opérations quotidiennes ?
Loi AGEC : pourquoi cette obligation est-elle importante ?
L'obligation de trier les biodéchets à la source ne date pas d'hier. Elle fait partie d'un cadre législatif visant à réduire les déchets envoyés en décharge, à limiter les émissions de gaz à effet de serre et à favoriser le recyclage des matières organiques.
Depuis 2016, cette réglementation s'applique à certains producteurs de déchets, et depuis 2024, elle concerne également les ménages et tous les professionnels, rendant le tri des déchets organiques incontournable pour tous.
La loi AGEC impose aux professionnels de nombreux changements pour adopter une démarche plus respectueuse de l’environnement. Qu’il s’agisse du tri des biodéchets, de la réduction du plastique, de la lutte contre le gaspillage alimentaire ou du réemploi des matériaux, les entreprises doivent s’adapter pour soutenir un modèle économique plus circulaire tout en améliorant la gestion des ressources et en réduisant leurs impacts environnementaux.
La valorisation des déchets alimentaires
Selon l’Ademe, on produit en France plus de 46 millions de tonnes de déchets organiques par an, tous types confondus (hors déchets agricoles et sylvicoles). Ces biodéchets désignent l'ensemble des déchets organiques d'origine végétale ou animale, comme les restes alimentaires, les épluchures de fruits et légumes, le marc de café ou encore les déchets verts du jardin. Toutes ces matières sont valorisables par différents procédés, permettant ainsi de les transformer en ressources utiles. Trois grands principes de valorisation des biodéchets sont couramment utilisés :
- le recyclage
- le compostage
- la méthanisation.
Le recyclage organique des biodéchets consiste à les traiter pour les réintégrer dans le cycle de production, généralement sous forme de compost ou de biogaz. Cela permet de réduire la quantité de déchets envoyés en décharge ou incinérés tout en favorisant l’économie circulaire.
Le compostage est un processus naturel de décomposition des matières organiques par des micro-organismes en présence d’oxygène. Cette méthode permet de produire un compost riche en nutriments qui peut être utilisé comme engrais naturel pour enrichir les sols. C’est une méthode particulièrement adaptée aux biodéchets comme les restes de cuisine ou les déchets verts.
La méthanisation est un procédé de dégradation des biodéchets en l'absence d'oxygène (anaérobie). Elle génère du biogaz, une source d’énergie renouvelable, ainsi qu’un digestat, qui peut être utilisé comme fertilisant. Ce procédé est particulièrement efficace pour traiter les biodéchets à grande échelle, notamment dans les secteurs industriels et agricoles.
Le compost : notre accompagnement dans la valorisation de vos biodéchets ?
"Nous sommes actuellement en phase d'expérimentation sur des sites de santé mentale, où les séjours des patients sont relativement longs, allant de trois semaines à trois mois, voire davantage pour certains. Ces établissements, où les patients souffrent de diverses problématiques psychiatriques, souhaitent organiser un système interne de collecte et de gestion des biodéchets. L'objectif est de créer leur propre compost à l'aide de composteurs, afin de gagner en autonomie dans la gestion des déchets organiques. Ils envisagent ensuite plusieurs options pour l'utilisation de ce compost : soit le donner au personnel, soit le redistribuer localement, soit l'utiliser sur place dans les espaces verts environnants. Cependant, un défi technique demeure, car le compostage implique un processus où des bactéries digèrent les biodéchets à une certaine température. Une fois ce processus terminé, le compost ne peut pas être directement utilisé dans la terre. Il doit d'abord reposer pendant trois semaines à un mois pour que les bactéries disparaissent. En travaillant avec ces sites, nous cherchons à trouver des solutions pour que ces établissements puissent devenir autonomes dans leur gestion des biodéchets, ce qui permettrait également de réduire les coûts liés à l'élimination des déchets résiduels." commente Matthieu Voisin, responsable service méthodes restauration chez Elior Santé.
Biodéchets : les 4 étapes pour mettre en place un système de tri efficace
Assurer un système efficace de tri des biodéchets ne s’improvise pas ! Il est nécessaire de suivre une approche structurée, qui tient compte des spécificités de chaque établissement. Cela implique non seulement d’identifier les besoins particuliers, mais aussi de former les équipes, d'installer des infrastructures adaptées et d’optimiser les flux de travail.
Voici les 4 étapes clés à suivre pour garantir une gestion performante et durable des biodéchets :
- Analyse des besoins : Il est essentiel de comprendre les besoins spécifiques de chaque établissement, que ce soit un hôpital, une entreprise ou une cantine scolaire. Cela inclut l'identification des volumes de biodéchets produits, la fréquence de leur production et les contraintes liées à l'espace disponible.
- Formation des équipes : Une formation adaptée doit être dispensée aux équipes opérationnelles. Ces formations permettent de sensibiliser le personnel au tri, d'expliquer les gestes à adopter et de leur donner les outils nécessaires pour réaliser un tri correct. Cette étape est importante car les agents possèdent une connaissance précieuse des défis du quotidien et peuvent apporter des idées intéressantes pour améliorer les processus.
- Mise en place des infrastructures nécessaires : Le choix des équipements est déterminant pour le succès du tri des biodéchets. Il s'agit d'installer des tables de tri ergonomiques, des poubelles de tri de différentes couleurs, et des outils de stockage adaptés pour éviter la multiplication des manipulations inutiles. La centralisation du tri dans un espace unique permet de rationaliser les opérations et de réduire la pénibilité.
- Optimisation des flux de travail : Une organisation efficace passe par la réduction des manipulations répétitives. Par exemple, en minimisant le nombre d'étapes pour trier et stocker les biodéchets, on peut gagner du temps et améliorer la qualité du tri. L’utilisation d’équipements mobiles et de chariots permet également de faciliter les déplacements et d’accélérer les processus.
“Pour mettre en place un système efficace de tri des biodéchets à la source, il est nécessaire d'impliquer les opérateurs qui sont au cœur de l'action : une collaboration étroite avec le personnel, qui connaît les contraintes du quotidien et propose des idées pour optimiser les processus. En ajustant les équipements autour de la plonge et en limitant les manipulations, le tri devient plus fluide et moins pénible. Par exemple, des tables réglables, des poubelles de couleurs différentes et des systèmes sans sac permettent un tri plus efficace. Le gain de temps réalisé est réinvesti dans l'amélioration du tri, notamment des couverts, réduisant les manipulations répétitives et améliorant l’organisation. Des outils mobiles et des chariots facilitent aussi la réorganisation des espaces de travail.” explique Mathieu Voisin, responsable service méthodes restauration chez Elior Santé.
Tri des biodéchets : comment surmonter les défis du quotidien ?
De nos jours, mettre en place un tri des biodéchets peut paraître évident, mais il s’avère parfois être un vrai challenge pour certaines organisations. Parmi les obstacles les plus courants, on note en premier lieu une faible adhésion des personnes. Dans certains établissements, comme les hôpitaux, la participation des patients ou des agents de nettoyage au tri peut être limitée par la fatigue ou la perception que cela augmente leur charge de travail. Pour surmonter ce problème, il est crucial de communiquer clairement sur les bénéfices du tri et d’impliquer toutes les personnes.
Les établissements produisent souvent des types de déchets très variés, nécessitant un tri différencié. Cette complexité du tri peut amener une confusion, il est donc important de limiter le nombre de poubelles et de centraliser le tri dans un espace unique. Cela permet notamment de réduire la quantité de sacs poubelles utilisés. Les entreprises de collecte peuvent imposer des pénalités si le tri est mal réalisé. Une solution pour éviter ces pénalités est de centraliser le tri dans un espace où des personnes formées et motivées peuvent assurer une meilleure qualité du tri.
Bien communiquer et organiser la collecte des biodéchets
La réussite du tri à la source des biodéchets repose sur une communication efficace. Les établissements concernés doivent mettre en place des campagnes de sensibilisation pour expliquer l'importance du tri et les bonnes pratiques à adopter. Des supports visuels simples, tels que des affiches ou des vidéos, peuvent aider à former rapidement le personnel et à s’assurer que même les nouveaux arrivants comprennent les procédures. Un ton décalé, des chiffres exhaustifs, des résultats de valorisation… Tout est bon pour faire passer le message !
Une fois triés, les biodéchets sont régulièrement collectés par des entreprises spécialisées. La fréquence de collecte est déterminée en fonction des volumes produits, ce qui permet d’éviter la saturation des espaces de stockage et de maintenir des conditions d’hygiène optimales. Il est également possible de réduire la fréquence de collecte en optimisant le tri, ce qui engendre une diminution des coûts associés.
Trier ses biodéchets de manière efficace est non seulement une obligation légale renforcée par la loi AGEC, mais aussi une opportunité pour tous les professionnels d’améliorer leurs pratiques environnementales tout en optimisant leur gestion des déchets. En adoptant une démarche structurée, impliquant l’analyse des besoins, la formation des équipes et l'optimisation des infrastructures, il est possible de réduire les coûts opérationnels tout en répondant aux attentes des parties prenantes. Le tri des biodéchets, lorsqu'il est bien organisé, devient un levier majeur pour réduire l'empreinte écologique des organisations, tout en contribuant à l'économie circulaire par le biais du recyclage, du compostage ou de la méthanisation. Réussir cette transition vers une gestion durable des biodéchets est donc non seulement une réponse aux contraintes réglementaires, mais aussi une manière concrète de participer à la préservation des ressources et à la lutte contre le changement climatique.
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