Hygiène & propreté - Sanitaire

Bionettoyage et maîtrise du risque infectieux au bloc opératoire : un enjeu de taille

Le bloc opératoire est l'un des environnements les plus critiques dans un établissement de santé comme un hôpital ou une clinique, en raison du risque élevé d'infections. Classé comme zone à très haut risque infectieux, le bloc opératoire exige des mesures strictes d’hygiène pour prévenir les infections associées aux soins. La maîtrise du risque infectieux y est primordiale, et le bionettoyage en est une composante essentielle. Cette méthode, qui va au-delà d'un simple nettoyage, est vitale pour garantir la sécurité des patients

Selon un rapport d’office parlementaire du Sénat*, les infections nosocomiales seraient responsables d'environ 9 000 décès par an, dont 4 200 surviennent chez des patients qui n'étaient pas en danger vital à leur admission à l'hôpital.

Le bionettoyage en milieu hospitalier : Une réponse essentielle au risque infectieux

En 2022, 5,71% des patients hospitalisés en France ont contracté une infection nosocomiale, soit 1 patient sur 18, marquant une hausse de 14,7% par rapport à 2017. La moitié de cette augmentation est due aux infections nosocomiales à COVID-19. Les services les plus touchés sont la réanimation (23,17%) et les centres de lutte contre le cancer (15,81%).**

Les infections nosocomiales représentent un coût considérable pour le système de santé en France, estimé entre 2 et 2,4 milliards d'euros par an. Ce montant inclut les frais d'hospitalisation prolongée, les traitements médicaux supplémentaires, et les coûts indirects comme la perte de productivité.

Par conséquent, des protocoles de bionettoyage efficaces non seulement améliorent la sécurité des patients, mais contribuent également à réduire les coûts associés aux complications infectieuses. 

Contrairement à d'autres secteurs, où les procédés de nettoyage sont industrialisés, le bionettoyage en milieu hospitalier, particulièrement en bloc opératoire, exige une rigueur extrême, souvent réalisée en une seule étape qui combine plusieurs actions : nettoyage, désinfection et parfois rinçage, pour éliminer le maximum d’agents pathogènes. L'importance de ce processus est cruciale, car une contamination, même minime, peut entraîner des conséquences graves.

 

Bloc opératoire : les obligations réglementaires et protocoles stricts

La réglementation en matière de bionettoyage dans les blocs opératoires repose sur des recommandations émises par des instances comme la Haute Autorité de Santé (HAS) ou le Haut Conseil de la Santé Publique.

Bien qu'il n'existe pas de norme universelle, chaque établissement de santé adapte ces recommandations à son contexte spécifique. Les protocoles de bionettoyage sont ainsi élaborés et validés par les comités internes, comme le Comité de Lutte contre les Infections Associées aux Soins (CLIAS).

Ces protocoles tiennent compte de la nature des interventions pratiquées. Par exemple, une zone dédiée à la chirurgie orthopédique, où le risque infectieux est particulièrement élevé, nécessitera des mesures plus strictes qu'un bloc où sont réalisées certaines chirurgies moins invasives. Cette adaptation des protocoles est essentielle pour assurer une protection optimale des patients, en fonction des spécificités de chaque type d'intervention.

 

Bionettoyage des blocs opératoires : une organisation complexe pour un environnement à haut risque

L'organisation du bionettoyage dans un bloc opératoire varie considérablement selon la taille de l'établissement et le nombre de salles d'opération. Dans un petit hôpital, une équipe restreinte peut suffire, tandis qu'un grand établissement avec des dizaines de salles d'opération nécessitera une organisation plus complexe. Dans ce dernier cas, un chef d'équipe dédié est souvent nécessaire pour gérer les agents de service, assurer la coordination avec le personnel médical, et garantir le respect strict des protocoles.

La rapidité et l'efficacité du bionettoyage entre deux interventions sont également cruciales. Dans les grands hôpitaux, où des centaines d'interventions peuvent être réalisées chaque jour, il est impératif que le bionettoyage soit effectué rapidement sans compromettre la sécurité sanitaire. Une organisation optimale, sous la supervision du chef d'équipe, permet d'éviter les retards et d'assurer la continuité des opérations tout en maintenant un environnement sûr.

 

Les innovations technologiques au service du bionettoyage

Pour répondre aux exigences élevées des blocs opératoires, le bionettoyage aussi fait sa révolution technologique... Parmi les innovations on peut noter l'utilisation de la vapeur et la désinfection de surfaces par voie aérienne. Les nettoyeurs à vapeur, par exemple, sont efficaces pour éliminer les biofilms bactériens sans recourir à des produits chimiques, bien que leur application soit ponctuelle en raison du temps nécessaire de mise en œuvre.

La désinfection de surfaces par voie aérienne, quant à elle, utilise des dispositifs spécifiques  pour diffuser des produits sous forme de brouillard sec, permettant ainsi d’atteindre les surfaces difficiles d'accès. Cette méthode est particulièrement utile dans les situations où des agents pathogènes résistants sont présents. 

Elior Santé : En revanche, l'utilisation des UV, dont l’efficacité est encore discutable, n’a pas été déployée en raison de son coût élevé et des risques potentiels pour les agents.

 

L'importance de la formation et de la gestion des équipes

La formation des équipes de bionettoyage est indispensable pour maintenir les standards élevés nécessaires dans les environnements sensibles. Les agents de services doivent non seulement être formés aux techniques spécifiques de bionettoyage, mais aussi aux règles strictes d’hygiène et de sécurité propres à cet environnement. Une sensibilisation continue est nécessaire afin de garantir que les pratiques soient respectées et que les équipes soient préparées à travailler dans un environnement parfois sous pression.

La gestion de ces équipes de bionettoyage est également un défi, surtout dans les grands hôpitaux. Une bonne organisation permet de maximiser la productivité. On note un turnover généralement faible, en partie grâce à la spécialisation requise pour travailler dans ces environnements, mais aussi en raison de l'attachement des agents de services à leur rôle crucial dans la chaîne de soins.

 

Optimisation des coûts : un équilibre délicat

L'optimisation des coûts de bionettoyage est un autre aspect important à considérer. La gestion de la main-d'œuvre est souvent le principal levier, avec une organisation efficace des équipes permettant de réduire les coûts sans compromettre la qualité. Les technologies innovantes, comme la vapeur ou la désinfection par voie aérienne, sont utilisées de manière stratégique pour compléter les méthodes traditionnelles, en tenant compte de leur coût et de leur efficacité.

 

Protocole d'hygiène à l'hôpital : audits et évaluation de la performance

Les audits réguliers sont essentiels pour s'assurer que les protocoles de bionettoyage sont respectés et efficaces. Des contrôles bactériologiques sont réalisés pour mesurer l'efficacité des procédures, en vérifiant le nombre de colonies bactériennes résiduelles sur les surfaces. Ces audits permettent non seulement de s'assurer que les normes sont respectées, mais aussi d'identifier des domaines d'amélioration.

En conclusion, le bionettoyage des blocs opératoires est une opération complexe qui nécessite une rigueur extrême, une organisation efficace, et l'intégration de technologies innovantes. La maîtrise du risque infectieux dans cet environnement est capitale pour assurer la sécurité des patients et la qualité des soins. Les audits réguliers et l'évaluation continue des pratiques garantissent que ces objectifs sont atteints, contribuant ainsi à l'excellence des soins en milieu hospitalier.

 

*Rapport de l'OPEPS n° 421 (2005-2006) de M. Alain VASSELLE , fait au nom de l'Office parlementaire d'évaluation des politiques de santé, déposé le 22 juin 2006

** Infections nosocomiales et traitements anti-infectieux en établissements de santé : résultats de l’enquête nationale de prévalence 2022 

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