Restauration - Nutrition

INTERVIEW - Mieux prévenir et accompagner la dénutrition

A l'occasion de la semaine nationale de la dénutrition, Véronique Mourier, diététicienne-nutritionniste chez Elior Santé nous apporte son éclairage sur les causes, les conséquences et surtout les solutions pour mieux prévenir et accompagner la dénutrition. Une problématique de santé publique qui touche de nombreuses personnes, notamment les seniors, les personnes hospitalisées ou fragilisées.

Qu’est-ce que la dénutrition et comment se manifeste-t-elle au quotidien ?

Véronique Mourier - La dénutrition est un déséquilibre nutritionnel entre les apports et les besoins créant un bilan énergétique négatif. 

Elle touche 2 millions de personne en France. Ce chiffre fait peur car nous sommes dans un pays développé où l’accès à la nourriture est facile. On parle de maladie silencieuse. C’est un enjeu de santé publique, d’ailleurs le collectif de lutte contre la dénutrition existe depuis plusieurs années pour mobiliser les pouvoirs publics, le monde médical et la population générale pour mieux comprendre cette maladie. Ils organisent une semaine en novembre chaque année où on parle dénutrition, où une multitude d’initiatives de sensibilisation de déroulent en France et Elior Santé est associé à cette semaine.

La dénutrition se manifeste généralement par une perte de poids, c’est souvent le premier signal, puis une perte de la force musculaire.

Quelles sont les principales causes de la dénutrition et quelles populations sont les plus à risque ?

VM - Plusieurs causes peuvent être identifiées :

  • un manque d’appétit et donc une baisse des apports alimentaires qui peuvent être dus à une maladie, l'isolement, une dépression, des douleurs dentaires…
  • une dépense énergétique qui est augmentée à cause d'une pathologie (le corps va avoir besoin de plus d'énergie pour lutter contre cette maladie ou pour cicatriser par exemple)

Et enfin la combinaison des deux : une baisse des apports alimentaire et la présence d'une maladie.

Les personnes les plus à risque sont les personnes âgées et là il faut combattre une idée reçue car contrairement à ce que l'on pense, quand on vieillit, les besoins en calories et notamment en protéines ne diminuent pas, ces besoins augmentent.

Mais la dénutrition peut concerner toutes les tranches d’âge : les adultes malades et également les enfants. 40 % des personnes qui souffrent de cancer sont dénutries. Les personnes en surpoids ou obèses peuvent aussi être touchées et pour elles le dépistage est souvent plus difficile.

Quels impacts la dénutrition peut-elle avoir sur la santé et la qualité de vie des personnes concernées ?

VM - Le premier signal de dénutrition est la perte de poids, qui est en réalité une perte de masse musculaire. Cette perte de masse musculaire va générer un affaiblissement des défenses immunitaires. Une personne dénutrie va donc être plus sujette aux infections.

Cette fonte musculaire va aussi engendrer un risque plus important de chutes, de fractures, de blessures. La dénutrition est responsable du rallongement du temps de séjour en établissement hospitalier et une augmentation du risque de mortalité.

L’enjeu majeur est la prise en charge de la dénutrition le plus précocement possible dans le parcours de soins. Le diagnostic est essentiel pour agir vite. Il s’agit de repérer les signaux notamment la perte de poids, on le constate lorsque des vêtements deviennent trop amples pour une personne.

Chez Elior Santé, comment accompagnez-vous les convives à risque de dénutrition et quelles actions spécifiques sont mises en place ?

VM - Une de nos missions chez Elior Santé c’est d'assurer le plaisir dans l’assiette. Lorsque l’on traverse un épisode de dénutrition, on a besoin du plaisir pour déclencher l’appétit. Il faut mettre la personne dans les meilleures conditions pour la prise alimentaire. Alors, en tant que restaurateur, nous nous mobilisons pour proposer des recettes enrichies en calories et protéines pour faire de l’instant repas un soin.

Toutes sortes de recettes enrichies sont proposées dans nos offres : salées, sucrées, chaudes, froides à partir d’ingrédients naturels. On ajoute alors, du fromage de la poudre de lait, des œufs, du jambon, mais aussi du beurre, de l’huile, de la crème…

Nos plats sont étudiés nutritionnellement pour apporter un maximum de calories et de protéines mais sont aussi travaillés au niveau culinaire pour garantir leurs saveurs et assurer le plaisir en bouche. Nous avons travaillé dernièrement toute une gamme de potages enrichis. Ce plat est un incontournable du diner quand on est malade ou que l’on a peu d’appétit et il se prête bien à l’enrichissement. Côté sucré, on propose des collations enrichies sous forme de crèmes, de pana cotta à différents parfums qui peuvent être distribuées directement par le personnel soignant tout au long de la journée, comme une multitude de petits gouters. Ainsi on multiplie les prises alimentaires, ce qui peut être un levier très intéressant quand les personnes n’ont pas beaucoup d’appétit.

Dans les établissements de santé, après diagnostic de la dénutrition, c’est la prescription médicale qui déclenche l’enrichissement des repas et ces collations.

En résumé, la dénutrition est un enjeu de santé majeur qui touche des personnes de tous âges et toutes conditions. Ses conséquences sont graves, allant de l’affaiblissement immunitaire à l’augmentation du risque de mortalité. Une prise en charge précoce et personnalisée, notamment à travers une alimentation enrichie et adaptée, est essentielle pour améliorer la qualité de vie des personnes concernées. Le plaisir dans l’assiette, allié à une vigilance accrue, permet de soutenir efficacement les convives à risque.

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